mardi 8 novembre 2022

Chérif Mennoubi, peintre et sculpteur à Batna : Immersion dans la culture aurassienne

Chérif Mennoubi a consacré toute sa vie à l’art, avant de se retirer, depuis sa retraite, dans son petit atelier-galerie et se consacrer à la création et à la peinture pour immortaliser le patrimoine ancestral de sa région. Située à proximité du rond-point El Wiam, sur la route de Biskra, la galerie d'art est peu visible ; cachée par les tables et le comptoir du propriétaire d'un café qui a squatté le trottoir devant son local. Ce lieu modeste renferme pourtant de véritables trésors, car une fois dedans, les chefs-d'œuvre captivent l'œil et permettent de s’immerger dans la culture aurassienne.


Malgré la beauté et la magnificence des créations accumulées depuis plusieurs années, rares sont les personnes qui visitent ce merveilleux endroit où objets d’art décoratifs, en bois, en céramique, tableaux et sculptures relatent le mode de vie, les croyances et les us de la tradition chaouie. Ce grand artiste a sans cesse exprimé son admiration et sa reconnaissance envers les coutumes de ses ancêtres, transmettant cet émerveillement sous forme d'œuvres d'art et de précieux objets culturels. Son style, caractérisé par le mixage des genres et des techniques, a fait de lui un grand artiste pluridisciplinaire.

Transmettre son savoir-faire artistique

Connu à l’échelle internationale, Mennoubi demeure, malheureusement, peu connu dans son propre pays. «Une gargote, une pizzeria, un fast-food ou un café, cela peut apporter beaucoup, tandis que faire de l’art, fabriquer des objets significatifs et immortels peut vous rendre pauvre», se désole-t-il.
Dans sa galerie d’art, il passe la majorité de son temps à contempler ses œuvres confectionnées avec amour jusqu’au moindre détail.
«Les gens ne semblent plus s’intéresser à l’art ». Au-delà de la valeur matérielle, la valeur de ses œuvres est immensément importante pour cet artiste qui a sacrifié toute sa vie à l’art, à la création et à immortaliser une époque à travers des objets, des matières et des couleurs qui narrent l’histoire d’un lieu, d’une communauté et d’un savoir-vivre.
«Mon rêve était d’offrir un art de qualité, des œuvres éternelles qui immortalisent nos coutumes et notre vie traditionnelle et les faire connaître aux futures générations», a-t-il confié.
Mennoubi est né le 25 juillet 1957 à Batna. Ancien conseiller culturel, il occupe cet atelier depuis 1979. Soucieux de former des générations, il contribue, avec sa fille Rime, à inculquer les principes du dessin et de la peinture aux enfants et jeunes passionnés à la maison de la culture de Batna.
Il a appris de son père, artiste également, les disciplines du dessin et de la peinture. Il ne lésinera pas sur les moyens pour leur transmettre son savoir-faire et son art. Sa fille, diplômée de l’Ecole des Beaux-Arts et chargée de l’atelier de dessin, forme une vingtaine de passionnés, tout âge et tout niveau confondus.
C. G.

La peinture sur le «gherbal», un style unique

Mennoubi s’est intéressé, dès son plus jeune âge, à la peinture, la sculpture mais surtout au bendir (instrument à percussion) comme futur projet d'art, un style figuratif «mennoubien» qui exprime la beauté et l’authenticité des Aurès.
D’ailleurs, dans son atelier, on découvre des cadres de bendir transformés en précieux objets décoratifs. On peut voir aussi des outils de la cuisine traditionnelle montagnarde typiquement chaouis, réutilisés à des fins de décoration, sur lesquels Mennoubi a ajouté ses touches artistiques.
Le tajine (plat traditionnel en terre cuite servant à cuire la galette) miniaturisé a été revalorisé et devenu, sous les mains de l’artiste, un objet décoratif de valeur, sur lequel il dessine des femmes, des paysages et des scènes avec du plâtre, puis ajoute des couleurs pour obtenir des modèles aussi beaux que surprenants.
On découvre également des chefs-d’œuvre confectionnés avec le gherbal (tamis en bois) pour la fabrication de magnifiques tableaux de peinture ou composés.
Son style unique est devenu une source d’inspiration pour beaucoup d’artistes. Mennoubi, rappelons-le, est l’un des premiers fondateurs du mouvement des artistes de Batna et de l’annexe des Beaux-arts.
Durant sa longue carrière consacrée exclusivement aux arts plastiques, notamment la miniature, la décoration et la céramique, Mennoubi a exposé en Algérie et à l’étranger. Sa dernière grande participation remonte à 1993, lorsqu’il a été invité à l’exposition internationale des artistes du monde à Washington, à la galerie International Very Arts Kennedy. C. G.

Aucun commentaire: