jeudi 10 novembre 2022

Un nom, une histoire, Abdelkader Yaici : L’armurier de la Révolution

Parmi ceux dont les actes héroïques méritent d’être ancrés à jamais dans nos mémoires, figure un moudjahid qui a porté durant 38 ans les séquelles atroces d’un attentat perpétré par les services secrets français, où il fut amputa de ses deux mains en Allemagne. 


Pour rendre hommage à ce moudjahid, ancien membre du MALG, nous avons marché sur le parcours de ce grand homme, de la fontaine centrale de Souk Oufella sur les hauteurs de Sidi Aich, où il était scolarisé à l’école du vieux marché, puis à Sétif où il a fréquenté le lycée Eugène Albertini (actuel Mohamed-Kerouani) jusqu’à ses premiers pas dans la politique dans les rangs de l’UDMA, avant de rejoindre les premières cellules du FLN sous la direction d’Ali Oubouzar, commissaire politique de la ville de Sétif.. Aux côtés de Saïd Boukhrissa et d’autres moudjahidine, il s’attelait dans la collecte de fonds, le ravitaillement et l’habillement, perdant sur ce chemin glorieux du sacrifice 2 de ses frères, Amokrane et Abalache exécutés par l’armée française à Sétif. Si Abdelkader Yaici jouera un rôle important durant la grève des 8 jours et deviendra la cible des forces colonialistes, contraint de rejoindre la France avec un ordre de mission délivré par le colonel Amirouche et traverser clandestinement la frontière pour rejoindre la Tunisie. Le 6 juin 1957, le colonel Amirouche procède à la mise en place du comité de la Wilaya III historique, en son sein Si Said Boughanem et Abdelkader Yaici, chargés de l’accueil et la prise en charge des étudiants algériens, des djounouds blessés et du matériel. En 1957, après le Congrès de la Soummam, le colonel Ouamrane charge Abdelkader Yaici de prospecter et acheter des armes à l’étranger.

Un colis piégé lui arrache ses deux mains

Une mission délicate quand on sait la guerre que livraient les services secrets français aux nationalistes algériens à l’étranger, mais cela n’affectera en rien la volonté et la détermination de Si Abdelkader qui s’attèle dès lors, en compagnie de Si Ali Bahir, à la mise en place d’un réseau d’expédition d’ armes et munitions en direction de l’Algérie. «Les correspondances arrivaient directement de la structure de logistique dirigée par Si Abdelmadjid Bouzbid et l’argent pour l’achat des armes était acheminé par valise diplomatique de la Tunisie.» Installé à Frankfurt, le réseau de fournisseurs d’armes intensifie ses activités et Si Abdelkader appelé dès lors « Si Nouasri» doit honorer, avec le Dr Othmani Seif el Islam, les commandes qui parviennent du ministère de l’Armement et «Si Nouasri» devient plus que jamais l’homme à éliminer pour les services secrets français. Ce dernier échappe par miracle à deux attentats à la voiture piégée. Ces services parviendront cependant à l’atteindre. Le 1er janvier 1960, alors qu’il se trouvait dans sa chambre et croyait tenir comme d’habitude dans ses mains, un colis envoyé traditionnellement par la banque, il ouvre le paquet et une déflagration lui arrache les deux mains, causant de multiples blessures au visage et au corps. Des messages lui parviennent, notamment de Ferhat Abbes et Mahmoud Cherif, qui lui rendent hommage au nom de la révolution et pour les risques encourus durant trois ans en service commandé en Allemagne. Si Abdelkader retourne alors en Tunisie où il est pris en charge par Si Abdelkader Boussouf, responsable du MALG. Durant 38 ans, iol restera alors toujours égal à lui-même, fier du devoir accompli au service de sa patrie. Il décède le 21 aout 2012 à Sétif à l’âge de 89 ans. F.Z.

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