jeudi 7 juillet 2022

Ghardaïa, architecture et développement durable : Tafilalt la cité verte

Sur la plus haute colline de l’oasis de Beni Isguen, s’érige le ksar de Tafilalt, sur une superficie de 22 hectares, entouré d’une muraille haute et épaisse, avec plusieurs accès principaux à travers de grands portails en bois, façonnés avec habilité et précision.


Classé cité écologique par excellence, ce site regorge d’un patrimoine historique et ancestral millénaire, construit selon un style architectural ancien, caractérisé par l’entassement de ses habitations, ses quartiers et ruelles en pierre dans des formes géométriques telle une mosaïque, dans des couleurs en harmonie avec la nature avec des matériaux résistants à la chaleur, mais surtout écologiques comme la chaux et le bois de palmier connu pour sa forte solidité et sa haute résistance à la corrosion, ce qui fait de lui une alternative idéale au ciment.

L’idée de cette cité, inspirée du style mozabite et destinée à préserver le patrimoine culturel, identitaire et social de la région, a été initiée en 1997 par Ahmed Nouh, dans le but de résoudre la crise de logement et faciliter l’acquisition d’une habitation décente avec un prix abordable, notamment pour les ménages à faible revenu.

Il s’agissait à la fois d’améliorer l’offre en logement, de construire des foyers qui conservent l’authenticité de la région et qui soient adaptés aux conditions climatiques difficiles, afin de limiter la consommation d’électricité, particulièrement en été, en raison de l’usage excessif des appareils de climatisation, provoquant ainsi une aggravation du réchauffement climatique.

Le succès de ce projet est le fruit d’une action bien coordonnée de la communauté ibadite qui respecte strictement les lois et règlements internes régissant les affaires publiques et la vie quotidienne, ce qui a permis de maintenir la solidité et la solidarité entre les différentes catégories de cette société.

A noter, dans ce sens, que parmi les principales habitudes de la population du ksar de Tafilalt, figure la plantation de trois arbres dans chaque foyer : un palmier, un arbre fruitier et un arbre de décoration. De même, un système de permanence où chaque famille prend en charge le nettoyage de son quartier pendant une semaine, a été instauré pour assurer la propreté de l’environnement, pour que chaque ménage laisse sa touche dans cet effort.

Outre sa réputation de cité de l’écologie et du volontariat, Tafilalt est aussi la ville de la sécurité, la sérénité et zéro crime, grâce à la conscience de la population et au respect des lois internes qui régissent les affaires du ksar.

Par ailleurs, les eaux usées sont revalorisées par des procédés biologiques pour être réutilisées dans l’irrigation des plantations et arbres entourant le site. Ces derniers sont également entretenus régulièrement par des volontaires, le but étant de rationaliser l’utilisation de la ressource hydrique locale, alors que les restes des aliments ménagers sont donnés aux animaux domestiques. D’autre part, les bâtisses et les places publiques sont éclairées par des panneaux solaires photovoltaïques.

De facto, le ksar est une expérience humaine pilote exceptionnelle dans le monde arabe et le continent africain car il concilie architecture locale et développement durable. Ce ksar a remporté le prix du concours international «cités pilotes durables» organisé à Marrakech il y a deux ans. C. R.

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