samedi 20 août 2022

Musée du moudjahid d'Ifri-Ouzellaguene (Béjaïa) : espace mémoriel et symbolique des sacrifices consentis

Inauguré en août 1984 par feu le président Chadli Bendjedid, le musée d’Ifri Ouzellaguene est assurément le monument qui perpétue au mieux dans la wilaya de Béjaïa, la mémoire de l’Algérie combattante, celle inhérente tant à la guerre d’indépendance qu'aux autres faits d’armes en rapport avec la résistance nationale depuis l’arrivée de l’occupant en 1830 jusqu’à sa mise à mort en 1962. 


Tout y est pensé, organisé et valorisé de sorte à ce qu’aucune étape n’en soit négligée. Les visiteurs y découvrent, dans un enchaînement pédagogique, le courage et les prouesses militaires des aïeux, à l’instar d’El Mokrani et cheikh Belhaddad, artisans de la révolte de 1871 que celles des héros de la guerre d’indépendance dont le patriotisme et le "génie" ont permis la victoire. 


En effet, tous les acteurs de cette épopée y sont mis en lumière, avec des portraits et des documents retraçant leur vie et leurs parcours, et, parfois, au détour d’une exposition, on retrouve même leurs affaires (pistolets surtout) ou objets intimes, à l’instar du costume d’apparat du colonel Amirouche, intact et sentant la naphtaline. Au cœur même du site qui a abrité le congrès de la Soummam en août 1956, l’édifice rend compte, non sans émotion, des méfaits du colonialisme français, des périodes sordides et violentes infligées au peuple, mais résume, en même temps, la lutte et les sacrifices pour s’en extraire et "les destins exceptionnels et foisonnants qui ont forgé la victoire", opinera le directeur du musée, Hakim Mahdjat. Il a expliqué, à ce titre, que "le choix du lieu n’est pas fortuit", puisque, à lui seul, il raconte toute "la puissance" du congrès, organisé au nez et à la barbe de l’armée coloniale, dont les troupes étaient stationnées à peine à une heure de marche du lieu de la réunion. "Un défi et un pied de nez à l’occupant", ajoutera-t-il, évoquant les massacres perpétrés quelques semaines plus tard dans les quatorze villages d’Ouzellaguene et qui en ont payé le prix en signe de vengeance. Il a encore souligné que "la Mémoire est aussi vive que pétillante, imposant d’entretenir le musée et de la rendre accessible à un large public et ce, par le truchement d’actions d’éducation et de diffusion".

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