dimanche 25 septembre 2022

Tiaret, gravures rupestres de Kef Boubker : Trésor archéologique

Les gravures rupestres de la région de Tiaret sont préhistoriques datant du néolithique, situées au Sud oranais. Au long de l’Atlas saharien, elles font suite à celles, à l'ouest, des régions de Figuig, d'Aïn Sefra, d'El-Bayadh et d’Aflou. Des gravures comparables ont été décrites, plus à l'Est, autour de Djelfa et dans le constantinois.


La station de gravures, remontant de 1.000 à 6.000 ans avant l'ère chrétienne, comporte des écrits berbères et des dessins et gravures d’animaux. Situés entre Sid El Hosni et Kef M’Zab (douar El Aouissat) à Kef Boubker, à 4 km au nord de Dahmouni, plusieurs ensembles s'échelonnent dans les falaises sur une distance d'environ 700 mètres. Le groupe principal est un panneau d'une vingtaine de mètres de long sur une hauteur de près de deux mètres. Parmi les représentations qui se superposent et s'enchevêtrent on distingue notamment un bovidé, une antilope, un rhinocéros de 3 mètres de long, des autruches dont le dessin est rehaussé de peintures ocre rouge, un bubale et des personnages humains.

Ce site a été classé au niveau de la wilaya il y a sept ans, en attendant la décision du ministère de la Culture pour son classement comme monument archéologique national.

L'importante nécropole de Columnata, située à l’ombre du Kef, a livré, depuis 1954, les squelettes, plus ou moins bien conservés, de 116 individus. Le site est un ancien abri sous-roche, orienté au nord, dont le surplomb est aujourd'hui effondré.

Creuset de connaissances

Les fouilles effectuées jusqu'à présent n'ont dégagé que les deux cinquièmes du gisement environ et ne permettent pas encore d'estimer le nombre total des sujets inhumés. Mais les archéologues ont raison de penser que la partie fouillée ne constitue pas un échantillon représentatif de l'ensemble de la nécropole. Quelques sépultures éloignées de la falaise appartiennent à l'ibéromaurusien typique : ce sont des réinhumations dans un endroit réservé aux morts, marquées d'une pierre de forme particulière, quand ce n'est pas par un véritable monument; cependant la plupart des sépultures appartiennent à un épipaléolithique de transition un peu plus récent, dit Columnatien : ce sont des inhumations primaires définitives, situées près de la falaise, directement sur les bancs de rochers, dans la partie qui servait à l'habitat et, à une exception près, sans aucune marque ni pierre qui les accompagne.

D’après les archéologues qui se sont succédé sur le site, les ossements recueillis sont souvent en mauvais état, brisés ou écrasés, d'une part, du fait de l'homme, à cause des inhumations secondaires (ré-inhumations après exhumations), du creusement de nouvelles tombes, du dépôt de certains corps sur un sol inégal et sans élasticité (bancs de rochers), des nettoyages de l'abri et du piétinement ; d'autre part, des agents naturels ou mécaniques, comme l'humidité considérable due à l'orientation du site, l'acidité relative du milieu, la pression des terres et la chute de rochers qui causent des dégâts».

Pour Slimane Hachi, directeur du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH) «à Columnata, deux systèmes de sépultures ont été reconnus : le plus ancien, ibéromaurusien, a livré des inhumations secondaires d’ossements humains sans connexions anatomiques et engagées dans des structures en pierre qui peuvent constituer de véritables tumulus ou des rangées de pierres à offrandes animales ; le plus récent Columatien a livré des inhumations primaires en décubitus latéral fléchi forcé dans des fosses naturelles ou creusées».

En conclusion, l’on retiendra l'extrême difficulté d’opérer des synthèses par la simple traduction d'os déposés il y a des milliers d'années. Mais c'est aussi l'obligation pour l'archéologue de décrire le plus minutieusement et le plus rationnellement possible l'objet de son étude. L'utilisation ici, même partielle, de l'archéologie funéraire permet de dire qu'aujourd'hui, et grâce au développement de cette science, une autre explication des gestes funéraires est possible. S. M. N.

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