mardi 13 septembre 2022

Vieux Ksar d’El Meniaâ : Joyau lithique séculaire

Le vieux ksar d’El Meniaa pourrait être l’un des plus importants vestiges en Algérie qui retracent une époque historique cruciale, celle du commerce transafricain qui a prospéré avant le 16e siècle, avant l’arrivée des Européens en Afrique par voie maritime. Il s’agit aussi d’une époque où le commerce des caravanes qui acheminaient les marchandises africaines vers les villes côtières algériennes, puis vers l’Europe, était à son apogée. Ce ksar mérite vraiment d’être réhabilité.


Situé à quelque 670 km au sud d’Alger, le vieux ksar d’El Meniaa a été construit vers le quatrième siècle de l’hégire, selon des sources historiques confirmées.
Malheureusement il se trouve actuellement dans un état lamentable en raison de l’arrêt des travaux de rénovation des vestiges historiques dans le sud du pays, financés par le ministère de la Culture, jusqu’en 2013, en plus d’agressions répétées sur le site.
L’édifice qui était habité, jusqu’à son évacuation en 1910 par les autorités coloniales, est un carrefour regroupant d’anciens sentiers commerciaux qui reliaient l’Afrique du Nord à l’empire «songai» dans la région du Sahel africain au Moyen âge.
Il a été érigé sur une colline de 75 mètres de haut qui offre une vue directe sur la partie est de la palmeraie de dattes d’El Meniaâ et portait également le nom de «taourirt», qui signifie la petite colline en berbère.

Cité par Ibn Khaldoun

Cette bâtisse, construite selon un style architectural très répandu il y a des siècles, témoigne des restes d’une civilisation ancienne citée par les historiens Ibn Khaldoun et Sidi Mohamed Ben El Hadj El Ayachi (1862).
Dominée par une tour de forme pyramidale, elle comprend également plusieurs habitations construites dans des caves larges et étroites, d’une architecture simple et dotées de petites niches, étagères et fentes pour l’éclairage et l’aération.
En fait, plusieurs historiens indiquent que ce ksar qui portait jadis plusieurs appellations, comme Taourirt, la Citadelle, ou encore El Goléa, était considéré aussi comme un refuge des populations locales et un lieu idéal pour le stockage de leurs récoltes et leurs vivres, en périodes difficiles.
Les récits historiques affirment également que le vieux ksar d’El Meniaâ a été construit dans un lieu stratégique sur la route des caravanes commerciales, alors qu’il a continué à jouer aussi un rôle militaire jusqu’au 19e siècle à la veille de l’invasion coloniale française du sud algérien.

Guide des caravanes

Ainsi, le chercheur dans le patrimoine architectural local, Hassan Serraj, précise que ce vieux ksar «a un style architectural spécial» et est connu dans la région depuis des siècles. On disait que «dans le passé la citadelle était vue de loin dans le désert grâce au feu allumé chaque nuit à son point le plus haut, pour guider les caravanes venues du Nord et du Sud », a-t-il indiqué, ajoutant que d’autres récits affirmaient que cette bâtisse était aussi destinée à accueillir certains habitants issus de la grande tribu de Zenata, avant que des populations venues des régions d’El Bayadh, Metlili, Timimoun et In Salah rejoignent ce site. «La splendide oasis d’El Meniaâ voyait le jour et commença la construction de la vieille cité et de son ksar ».
Selon l’intervenant, l’Etat algérien, à travers les services du ministère de la Culture et la direction de la culture de la wilaya de Ghardaïa, a effectué plusieurs études pour évaluer l’état du vieux ksar avant de lancer deux opérations de réfection partielle, mais cela n’avait pas suffi car ce vestige nécessite une étude technique approfondie et précise avant de lancer sa rénovation.
Il s’est dit, en outre, étonné que ce site n’ait jamais fait l’objet d’actions de promotion touristique.

M. Serraj révélera qu’en 2006 une association proposait de doter le site d’un système d’éclairage artistique et d’aménager un lieu proche en espace de loisirs pour attirer les touristes et construire un hôtel. Cette suggestion est restée lettre morte.
Considéré comme l’un des sites archéologiques les plus attractifs dans la région, ce ksar doit impérativement être réhabilité et revalorisé par les responsables du secteur de la culture dans le cadre d’une stratégie globale de développement durable dans le secteur du tourisme. C.R

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