mercredi 28 décembre 2022

44e anniversaire du décès du président Houari Boumediène : L’homme des nationalisations

Il avait conçu sa vision de chef d’Etat, de 1965 à 1978, comme une volonté de développer le pays, en garantissant «l’école pour tous», «la terre à celui qui la travaille», «les soins gratuits», «l’exploitation des richesses naturelles du sol et du sous-sol au seul profit de la collectivité», «une politique d’équilibre régional», «la conduite d’une politique étrangère souveraine», «le combat contre l’injustice d’un ordre économique mondial». 


Un nouveau monde rural Les fellahs vivaient quasiment au niveau du seuil de pauvreté. Il fallait mettre un terme à cette situation par fidélité aux principes cardinaux énoncés dans la Proclamation du 1er Novembre 1954, la Plate-forme de la Soummam de 1956 et dans le Programme de Tripoli de 1962. S’agissant du choix de la stratégie industrielle, Boumediène ne l’a pas décidé unilatéralement. 


Il a prêté une oreille attentive à tous les spécialistes de l’époque qui considéraient que seul un Etat détenteur de l’ensemble des moyens de production pouvait garantir la faisabilité du modèle. Conscient des enjeux que pouvait apporter la force industrielle en valeurs et en indépendance, il a engagé un vaste programme de construction d’usines afin de pourvoir aux besoins de la population et de créer des emplois. Des entreprises d’Etat ont été créées dans divers créneaux industriels. Pratiquement chaque secteur économique était couvert par une société nationale. Ces sociétés sont encore des piliers de la vie économique actuelle, à l’image de la Sonatrach et de la Sonelgaz. 


Récupération des richesses nationales L’une des premières mesures prises par Houari Boumediène, fut la nationalisation des mines, des banques et des assurances. En 1967, c’est la distribution des produits pétroliers qui fut nationalisée. L’affrontement majeur avec l’ex-métropole a abouti, le 24 février 1971, à la nationalisation, à 51 %, des sociétés pétrolières françaises et à 100 % des gisements de gaz. 


Pour le président, la nationalisation est une condition fondamentale du développement. Soutien à la Palestine et aux mouvements de libération L’histoire retiendra que l’Algérie n’a jamais failli à sa volonté de soutenir la Palestine, comme l’a si bien affirmé le défunt Houari Boumediène : ‘‘Je suis avec la Palestine, quelle que soit sa position’’. Ce soutien inconditionnel est une vérité connue et reconnue par tous. En 1974, une ambassade palestinienne a été ouverte à Alger, et c’est sous la houlette de l’Algérie que l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) a été admise en tant qu’observateur à l’Assemblée générale de l’ONU et Yasser Arafat s’est adressé à ses membres. 

L’Algérie a été un appui considérable pour les luttes du peuple sud-africain, avec l'ouverture à Alger d'un bureau d’information de l'ANC. Ce bureau était représenté par de grandes personnalités de la lutte contre l’apartheid comme Robert Reisha, Johnny Makatini. C'était du temps où notre capitale, représentait alors, en tant qu'escale incontournable en Afrique, la «Mecque des révolutionnaires», selon le regretté Amilcar Cabral, père de l'indépendance de la Guinée. Dans les rangs de l'ANC, du MPLA, du PAIGC, du FRELIMO, de la SWAPO ou du ZAPU, les jeunes combattants constituaient le noyau dynamique des mouvements de libération. 

Pour un ordre économique équitable Le nom de l’Algérie est lié, pour beaucoup, au nouvel ordre économique international. Elle en a été sans conteste le catalyseur. Boumediène est devenu l’un des défenseurs du N.O.E.I. qui doit remplacer « l’ordre international de la misère ». Du groupe des « 77 » à la deuxième CNUCED, qui se tient en février-mars 1968 à New-Delhi, au troisième sommet des Non-Alignés à Lusaka, en septembre 1970 ; de la conférence de Lima en octobre-novembre 1971 à la troisième CNUCED à Santiago-du-Chili, en avril-mai 1972, l’Algérie se démultiplia. M. B.

Sommet d’Alger des Non-Alignés (septembre 1973)

C’est dans le cadre du mouvement des Non-Alignés, dont il fut secrétaire général de 1973 à 1976, que Houari Boumediène a adopté une stratégie qui consiste à donner aux pays du tiers-monde leur autonomie vis-à-vis de l’Occident. Sous l’impulsion algérienne, le contenu économique prévaudra sur les considérations idéologiques. 

La guerre d’octobre, qui opposa Israël à l’Égypte, permettra aux États membres de l’OPEP de tester — face à l’Occident — l’arme du pétrole. Ce sera aussi pour l’Algérie l’occasion de maintenir la difficile cohésion de l’organisation et d’empêcher les pays exportateurs de pétrole, les plus riches, de se couper du tiers-monde. 

Elle plaidera l’année suivante, au premier sommet des chefs d’Etat de l’OPEP, pour que l’Organisation vienne en aide aux plus défavorisés des pays importateurs d’hydrocarbures. Pour un certain ombre d’analystes politiques, Houari Boumediène, a occupé une place importante sur la scène internationale, en s'affirmant comme le chef de file intransigeant mais pragmatique du tiers-monde, qu’il a compris que le principal conflit du dernier quart du vingtième siècle ne serait plus celui opposant l'Est à l'Ouest mais le Nord au Sud, les peuples riches aux peuples pauvres, les États industrialisés aux pays sous-développés. M. B.

Aucun commentaire: