mardi 13 décembre 2022

Le glas de l’empire colonial : Quand le peuple veut…

Comme l'inoxydable Kateb Yacine, Mountassir Oubetroun voue un culte et une adoration exquis au digne peuple d’Al Djazair. «Un seul héros, le peuple ! Je le redis sans surenchère aucune», dixit l’intarissable historien. Animant une conférence thématique, samedi, à la salle Ibn Khaldoun (Alger), à l’invitation de l’établissement Arts et Culture. Mountassir rappelle d’abord que l’irruption (éruption) des masses algériennes, un certain 11 décembre 1960, a immanquablement sonné le glas de l’empire colonial. Le peuple n’a été ni un décor, ni un sujet manipulé mais un acteur à part entière, autrement l’acteur déterminant qui changera l’équation au sein de l’ordre colonial, résume-t-il.


Journaliste-documentaliste, en rupture de ban avec les thèses panégyriques, chercheur missionné par le Mouvement national et la guerre de Libération, Oubetroun raconte le «choc», la «sidération» qui saisirent, ce jour-là, les faubourgs de «l’Algérie française» et sa peuplade coloniale, complètement «pétrifiée à la vue de la floraison massive et intempestive d’emblèmes indépendantistes», dit-il.

Ce jour-là, à Alger, le drapeau algérien emplissait le paysage de la capitale du vacillant «département français d’Algérie» où le général De Gaulle, en sempiternelle «tournée des popotes», est venu prêcher, désespérément, sa solution néocoloniale au «problème algérien» : son projet d’une «Algérie algérienne», c’est à dire un Etat croupion, totalement affidé et inféodé à la «métropole», et par laquelle il escomptait perpétuer la loi séculaire du colon suprématiste sur la masse indigène. 

Échaudé par la réaction des manifestants, d’abord à Ain-Temouchent et à Mostaganem, De Gaulle stoppera net son périple à Chlef en terre algérienne, et se résolut à annuler son «bain de foule» algérois et regagner ses appartements parisiens. A Alger, l’ambiance est au putsch permanent, à l’insurrection et au syndrome de la «semaine des barricades». Objectif : faire chuter la 5e République après avoir fait tomber la 4e. Encadrées par le FLN , elles furent spontanées et incarnèrent ce sursaut d'orgueil des Algérois, excédés par les provocations et instrumentalisations des ultras qui manifestaient bruyamment contre de Gaulle. Éprouvés par 6 ans de guerre totale et asymétrique et plus d’un siècle d’une colonisation immonde, factuellement pris en étau par les ultras, les «Algériens musulmans ont exprimé, en masse, leurs aspirations à la liberté, à l’indépendance. Sur ce, Mountassar restitua le contexte des manifestations .

Les troupes de l’Armée de libération nationale, l’ALN, faisaient face aux grandes opérations militaires, dites de pacification (jumelles, courroie, étincelles, pierres précieuses, couronne, etc.). En parallèle à la guerre totale, le gouvernement De Gaulle multiplia les offres de capitulation, la «paix des braves» et autres noms d’oiseaux, et les velléités de corruption des masses indigènes (Plan de Constantine). 

«De Gaulle a mis les gros moyens pour anéantir la résistance algérienne, rafraîchit Oubetroun, mobilisant toutes les ressources dont un million de militaires français, auxquels s’ajoutent les dizaines de milliers de harkis (dits FCNA : Français de souche nord africaine) mobilisés pour la solution finale et/ou la «fin honorable», comme il l’a qualifié au problème algérien. En vain. L’esprit Didouche triompha. M. Az.

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