samedi 4 septembre 2010

« La maîtrise de la langue »

HH (*)

« Apprendre à écrire, comme apprendre à parler, c’est apprendre à penser ». L’élève, dans un monde mouvant, assourdissant d’informations, où il aura sans cesse à se situer, à comprendre et à émettre des messages, sera d’autant plus apte à être un citoyen, un travailleur, un homme heureux qu’il sera maître de l’instrument linguistique. Il parlera, il lira, il écrira. Les expériences d’éducation des adultes et les statistiques montrent combien ces trois actes sont actuellement réservés à un petit nombre et quels obstacles ils constituent pour les autres. Dans les classes, on remarquera chez les élèves actuellement l’emploi abusif de l’arabe dialectal « envahi » de mots français arabisés (machina, cousina, tomabila, el maço, téléphoni, el trottoir, boulici, dodane (dos d’âne)… à l’écrit comme à l’oral. Les fautes grammaticales, de conjugaison, et d’orthographe sont aussi à déplorer. « La qualité de l’expression verbale est d’être claire sans être banale. » (Aristote). La correction de la langue parlée s’acquiert surtout par la pratique. Sa maîtrise permet et impose, à celui qui s’exprime comme à celui qui reçoit un message, de structurer une pensée que l’effort de formalisation aura mieux précisée. Un apprentissage continu tout au long de la scolarité permettra à l’élève, puis à l’adulte, d’approfondir sa propre réflexion et de comprendre celle de l’autre. Structuration et libération de l’intelligence comme de la sensibilité et de l’imagination sont indispensables à tous et à chacun. Elles s’imposent non seulement dans le cours de l’expression verbale, mais dans toutes les autres disciplines. Ainsi s’affirme le rôle fondamental de décloisonnement de notre langue nationale : il rythme aussi bien la physique que la poésie ; il conditionne tant le savoir que les relations humaines.
(*) Directrice des langues CICR

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