samedi 10 septembre 2022

Bordj Bou-Arréridj : El-Achire, le sanctuaire des brochettes

Pour beaucoup d’Algériens, pas seulement les habitants de Bordj Bou-Arréridj, El Achire rime avec viande. C’est que la localité située à la sortie ouest de la capitale des Bibans est réputée pour ce produit.


D’aucuns résument El Achire comme un village de la viande. Ce qui n’est pas usurpé. Quand vous visitez la localité, ce produit vous suit là où que vous allez, entre un boucher et un boucher... il y a un boucher.
Mais El Achire n’offre pas seulement cela à ses visiteurs. Elle leur assure par la même occasion une qualité qui les pousse à revenir dans la localité, entourée de fermes qui font de l’élevage de moutons leur principale activité.

Mais avec le temps elles ne suffisaient plus à répondre aux besoins des professionnels du secteur, d’autant qu’une autre activité a vu le jour à savoir les grillades qui ont renforcé la renommée d’El Achire. Les restaurants sont collés eux aussi les uns aux autres. Le client a l’embarras du choix et tout comme les bouchers, les restaurateurs redoublent d’efforts pour attirer le chaland.

A qualité égale des produits, ils proposent un décor moderne, des salles de prière et même des espaces de stationnement.
C’est que le profit est assuré avec cette réputation qui fait déplacer habitants et visiteurs.

Les bouchers pour leur part jouent sur les prix qui sont en général moins élevés qu’ailleurs. Certains clients ne se déplacent que pour ce motif.
Il suffit de regarder les devantures des magasins spécialisés pour se rendre compte que cette donnée est toujours justifiée, il faut le reconnaître.

Les prix séduisants affichés ne sont pratiqués qu’à certaines conditions.
Pour acquérir le produit au tarif annoncé, il faut prendre au moins 12 à 15 kilogrammes, soit un agneau complet. Cela ne s’arrête pas là. Il faut accepter qu’il s’agisse d’une génisse.

Comme si cela n’était pas suffisant, le boucher oblige le client à prendre les abats moins le foie, qui a un prix spécial. Ce n’est pas tout. Vous devez enfin prendre la graisse qu’il vous ramène dans une bassine. Naturellement, ces abats et cette graisse coûtent nettement moins.
Ce qui fait que la moyenne s’approche de ce qui est pratiqué dans les marchés, surtout qu’il s’agit d’un prix de gros.

L’agneau est cédé à 700, voire 800 DA sans que cela soit affiché au départ, moins les kilogrammes d’abats et de graisse à près de 1.200 dinars si ce n’est plus.

De la viande mais pas d’hôtel

Cette pratique n’empêche pas les clients de se rendre sur les lieux justement pour acquérir des quantités importantes de viande sûrs qu’elle est de qualité, notamment pour les fêtes.

Cette activité n’aurait cependant pas pu se développer sans la position stratégique de la localité proche de trois axes importants : la voie ferrée, la RN 5 et surtout l’autoroute Est-Ouest.

Pour le premier, il faut noter qu’El Achire abrite le plus long tunnel d’Afrique. Ce n’est pas tout. El Achire est à mi-chemin entre Alger et Constantine. Les usagers de la route arrivent parfois à l’heure du déjeuner ou du dîner dans la localité.

Certains retardent leur repas pour le prendre dans les restaurants de cette dernière.
Les habitants du lieu avaient craint que leur localité, qui était un passage obligé pour tous ceux qui passaient par la RN5, perdent cet avantage avec ce nouvel axe.

Mais l’aménagement d’un échangeur près des lieux leur a donné l’espoir d’une renaissance, de nouveaux espaces commerciaux ont même vu le jour.
La plupart des usagers de l’autoroute préféraient faire une halte dans ce village réputé pour manger et éventuellement prendre un peu de viande.
La viande d’El Achire est devenue au fil du temps un label que les commerçants locaux exploitent à outrance.

L’affluence est telle que les commerces, restaurants et boucheries restent ouverts jour et nuit, même durant la décennie noire.
Les transporteurs qui regagnaient Alger profitaient de l’occasion pour passer la nuit et éviter tout risque.
Aujourd’hui encore le village est très animé le soir contrairement aux autres localités de la wilaya dont le chef-lieu. C’est d’ailleurs une aubaine pour les couche-tard assurés de trouver ou boire et manger même à la nuit tombée.

Le seul problème est de trouver où dormir. En effet El Achire qui compte un nombre incalculable de restaurants ne dispose même pas d’un seul hôtel.
Le visiteur devra se rendre au chef-lieu de wilaya pour trouver une chambre, avec un label aussi intéressant, El Achire aurait pu attirer plus de visiteurs.
L’aménagement qui fait défaut par endroits est également à revoir dans une localité qui s’est imposée comme une vitrine de la wilaya et une des places fortes en matière de commerce en Algérie, d’autant qu’elle jouxte l’autoroute Est-Ouest.
Des travaux ont été engagés par l’APC pour améliorer à la fois les conditions de vie des citoyens et donner une image plus accueillante à la cité.

Mais cette opération doit être intégrée dans une vision d’ensemble pour faire d’El Achire un pôle touristique qui peut aider toute la région à se développer.
Bordj Bou Arréridj ne manque pas d’atouts. El Achire en est un. Il reste à le fructifier. F. D

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