samedi 22 octobre 2022

Ksar Ettir (Sétif) Lieu de naissance de mon défunt père moudjahid Hadj Ali : Le camp de la mort lente

Dans ce parcours de l’histoire glorieuse, la commémoration du 77e anniversaire du 20 août 1955 sera toujours l'occasion d'évoquer le camp de concentration de Ksar Ettir dans la daïra d’Aïn Oulmene, à quelque 40 km au sud de Sétif. 


Ce camp, restauré en partie, témoigne encore des pratiques inhumaines, de la torture et de la répression sans limites infligées à des centaines d’internés, des militants de la cause nationale, moudjahidine et fidayine luttant pour le même idéal. 

Un espace où toutes les horreurs étaient permises et qui valurent à ce camp, édifié au cœur d’une nature ingrate, l’appellation de «Camp de la mort lente». Chaque pierre, chaque espace renvoient l'écho des souffrances endurées par nos martyrs, et chaque maillon de chaîne resté accroché aux murs des cellules résonnent encore aux cris de ces milliers de détenus soumis à des sévices inhumains, jusqu’à la mort. «Des leur arrivée au camp, les moudjahidine étaient torturés jusqu’à en perdre connaissance», nous confie le moudjahid Belgacem Bouchareb, un miraculé de cet endroit sinistre qui renfermait plus de 3.000 détenus. 

S’étendant sur une superficie de 12 hectares, le camp de concentration de Ksar Ettir, appelé aujourd’hui «Ksar el Abtal», était entouré de 3 barrières, la première en fils barbelés sur une largeur de 6 mètres, parsemée de mines, la seconde électrifiée de même type et de projecteurs puissants et la troisième de protection avec des rondes constantes avec des chiens pour éviter tout risque d’évasion ou d’incursion. Tortures et travaux forcés Les exemples de torture, de travaux forcés et de lavage de cerveau qui y étaient imposés sont multiples et atroces. 

Le moment cruel, disait un jour Baghdadi, «c’est lorsqu’on vous amenait de force vers la place centrale du camp pour saluer l’emblème français, ne se doutant pas que chacun de nous préférait la mort que de renoncer à l’idéal pour lequel on était là ! Nous étions soumis à des travaux de taille de la pierre, les mains ensanglantées, sans cesse exposés à la férocité des chiens de garde qui nous harcelaient». Belkacem Bouchareb n’oublie pas «Moumousse, ce chien qui portait un grade de sergent-chef et par lequel on attentait à la dignité de tous les internés en les obligeant, vainement bien sûr, à saluer l'animal. «C’était pour nous faire peur, attenter à notre dignité, mais rien n’affectait notre foi et notre détermination.» Dans ce camp, les nuits étaient synonymes de cauchemar. Durant 6 ans, les étés torrides et suffocants ressemblaient aux hivers rigoureux et insoutenables où les prisonniers étaient réveillés pour être jetés nus, dans des marres d’eau sale et glacées remplies de sangsues qui leur suçaient le sang à satiété. 

La vie se confond avec la mort L’horreur était à son paroxysme quand on exigeait aussi des prisonniers de creuser leur propre tombe, y pénétrer et s’y allonger avant d’en sortir pour tout remblayer. Un rituel macabre. Autant de formes de torture indescriptible, à faire basculer dans la folie ceux que l’on conduisait vers des parcelles aussi dures que de la pierre, exiger des prisonniers de creuser et pétrir de leurs pieds nus cette «terre» qu’ils étaient contraints par la suite de façonner en briques qu’ils portaient sur leur dos vers d’autres parcelles et les concasser pour les réduire à leur état initial et recommencer autant de fois et par tout les temps. Dans ce camp qui comptait neuf sections où l'odeur de la mort était omniprésente, les prisonniers étaient alors soumis à d’horribles formes de sévices et d’atteinte à leur dignité. 

Tout était permis pour faire plier les prisonniers et leur arracher la moindre information. De l’arrachage des ongles et des dents avec des tenailles à l’utilisation de la hache pour couper les doigts jusqu’à l’enterrement de prisonniers vivants en veillant à laisser leur tête à la portée des rapaces de tous genres, des insectes et autres reptiles jusqu’à ce que mort s’en suive. Le manuel intitulé «Ksar Ettir, de la douleur à l’espoir» édité par la direction et l’organisation des moudjahidine de la wilaya de Sétif témoigne avec exactitude des affres subies par nos vaillant moudjahiddine. F. Z

Aucun commentaire: