vendredi 21 octobre 2022

TAGDEMPT, capitale de l’Émir Abdelkader : Sanctuaire de la résistance

Selon le rapport du prisonnier Auguste de France, l’Émir aurait participé personnellement à la construction de sa capitale et aurait dit : «Je veux relever cette ville et la rendre plus grande, plus florissante qu’elle n’a jamais été. Lorsque j’aurai rassemblé les tribus, assuré et consolidé la magnificence de la nouvelle Tagdempt, comme un vautour je me lancerai de ce nid aux abords si rudes et si escarpés sur les chrétiens et je les chasserai d’Alger, de Bône et d’Oran et de toutes les places dont ils se sont emparés.»


Tagdemt ou Tagdempt, de son nom berbère Tagdemt, fut la capitale des Rustumides, sous le nom de Tahert entre 144H /762 JC et en 297 H /909 JC, date à laquelle les Ibadites abandonnèrent la ville pour aller s’installer à Sedrata près de Ouargla. Depuis, l’appellation de Tahert a disparu des textes historiques, à l’exception d’un petit passage cité par «Léon l’Africain» ((Jean Léon l’Africain, Description de l'Afrique, Trad. : Epaulard A., Paris (1956)).

Le toponyme Tagdemt (plus exactement Tagdemt, qui signifie «justice» ou palais de justice en berbère, cité de commandement d'Abdelkader) fait référence à l'ancienne Tiaret, par opposition à l'actuelle Tiaret, située à quelques kilomètres de distance. Le nom Tagdemt semble être une déformation berbériste de l'arabe Tahert al-Kadima (Tahert -la-Vieille), nom d'une des localités proches de cette ville (l'ancienne Tingartia byzantine).

L’établissement de la capitale de Tagdempt semble avoir été dicté par un choix à la fois stratégique et idéologique. Ce site se situe à moins de 13 kilomètres à l’ouest de l’actuelle Tiaret et à quelques centaines de mètres au nord de l’Oued Mina. Son intérêt vient du fait que la ville de l’Émir a été bâtie sur les vestiges de la Tahert berbère.

Les témoignages qui rapportent les détails de la construction de la capitale de l’Émir sont essentiellement le fait de prisonniers français, tel Auguste de France, ou de correspondants du consul Dumas qui résidaient à Mascara et dont les récits restent précieux. D’après ces témoignages, Tagdempt se présentait comme une forteresse avec des magasins et des souterrains aménagés, orientés vers la fabrication d’une monnaie en cuivre et en argent. Il y établit même une fabrique d'armes. Le trésor de monnaie découvert il y a plus de 50 ans près d’El Asnam (Chlef) a apporté la preuve de l’existence d’une monnaie en argent frappée à Tagdempt, avant la destruction de la ville par un participant à l’expédition qui a causé la destruction.

Apprenant l’arrivée de la colonne française en 1841, Abdelkader avait fait évacuer la ville et incendier les maisons, choisissant la mobilité dans la résistance.

Des recherches archéologiques menées en 1958-1959, 1964 -1966, 1974, 1985…ont montré que l’exploration du site méritait encore l’attention des chercheurs, la citadelle n’ayant pas livré tous ses secrets.
Les vestiges de Tahert-Tagdemt sont classés parmi les sites historiques depuis 1978.

Le site se trouve à 9 km au sud-est de Tiaret (siège de la Wilaya), sur deux mamelons qu’une dépression sépare. La première colline se trouve à 850 m d’altitude et la seconde à 860 m. La région était irriguée par deux oueds : la Mina et le Tatch ou Tatoosh (actuellement oued Tiaret) et par leurs affluents qui donnèrent naissance à plusieurs sources dans la région que les géographes arabes n’ont pas omis de signaler. N. S. M.

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