samedi 26 novembre 2022

Mascara - 190e anniversaire de la moubaya’â - L’émir Abdelkader : Un modèle de l’homme universel

À l’instar des années précédentes, la wilaya de Mascara s’apprête à célébrer, en cette journée du 26 novembre, les festivités marquant le 190e anniversaire de la Moubaya’â, qui signe l’acte d’allégeance accordé à l’émir Abdelkader par les chefs des tribus engagées dans la lutte contre le colonialisme. Dans ce contexte, un riche programme a été élaboré par la commission chargée de la célébration de cet événement.


Pour les circonstances, une agitation particulière règne depuis plus d’une semaine, eu égard aux personnalités conviées à cette cérémonie. En effet, cette 190e édition sera rehaussée par la présence d’invités de marque puisque, outre les autorités locales, Soraya Mouloudji, la ministre de la Culture, assistera aux festivités. En sa qualité de représentante du gouvernement, la ministre mettra à profit cette opportunité pour effectuer une visite d’inspection et de travail avec comme points de chute les sites ayant marqué les traces de l’illustre personnage. La cérémonie débutera par le dépôt d’une gerbe de fleurs au pied de la stèle de l’Émir, érigée sur la place située en plein centre-ville portant le nom du fondateur du premier État algérien moderne. 

De là, la délégation aura à visiter le siège du commandement de l’Émir, avant de se déplacer à la mosquée baptisée, pour la circonstance, Masdjed El-Moubaya’â. A Sidi Kada, autre commune historique distante de 20 km du chef-lieu, les participants visiteront la Smala de l’Émir. Une fois n’est pas coutume, la commune d’El-Gueithna, berceau de l’Emir longtemps marginalisée, est incluse au programme pour accueillir la délégation. La fête s‘achèvera en apothéose à Matmore avec la production de troupes folkloriques et de cavaliers qui animeront la fantasia. 

Le dernier point de la visite sera l’arbre Derdara dans la commune de Ghriss, sous lequel s’était effectuée l’allégeance, et qui a vu la plantation à titre symbolique d’arbustes par les hôtes de marque, par respect à la tradition qui s’est instaurée dans la région. Toutes les interventions graviteront autour de l’histoire qui a caractérisé le personnage de l’Émir Abdelkader.

Précurseur du droit international humanitaire

Durant sa détention en France, entre 1847 et 1852, l’Emir, qui a une bonne connaissance des religions juive et chrétienne, exerce une grande fascination en milieu chrétien. En 1860, les chrétiens de Damas furent massacrés par les Druzes. Alerté, l’Emir avec l’aide de la colonie algérienne, et au péril de sa vie, recueille 13.000 personnes de confession chrétienne dans sa demeure et celle de ses compagnons.
Quatre années après, est née la première Convention de Genève. À sa lecture, notamment les articles 5 et 6, le geste de l’Emir à Damas est repris et encouragé : «... tout blessé recueilli et soigné dans une maison... l’habitant qui aura recueilli chez lui des blessés sera dispensé... les habitants du pays qui porteront secours aux blessés seront respectés...»

En conclusion, en consultant les quatre Conventions de Genève, on sent planer l’esprit du décret de 1843, des événements de 1860 et des différents actes humanitaires de l’Emir Abdelkader en faveur des prisonniers. Par sa pensée comme par son action, l’Emir a démontré, à juste titre, l’universalité des valeurs sur lesquelles repose le droit international humanitaire. Plusieurs chefs d'État et souverains lui adressaient des félicitations, notamment ceux de France, d'Angleterre et de Russie.

Des écrivains et poètes chrétiens, sublimés par l'Emir et son geste humanitaire, ont libéré leur plume à la rédaction.

L'Emir, dans sa lutte armée, n'était pas contre le christianisme en tant que religion, mais contre le colonialisme dans tous ses sens ; contre la violation d'une terre libre. L’Emir Abdelkader a été et restera un symbole de la lutte et de la résistance contre l’occupant.

Le fondateur de l’État algérien mérite que son long parcours historique, son legs en tant qu’ homme de lettres, soufi et humaniste fassent l’objet de davantage de recherches et d’études approfondies. A. B.

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