lundi 19 décembre 2022

Hommage au chahid et capitaine de l’ALN, Azouaou Amrane Des témoignages poignants

Un hommage poignant a été rendu vendredi à Tazmalt (80 km à l’ouest de Bejaia) au chahid et officier de l’Armée de libération nationale (ALN), Amrane Azouaou, tombé au champ d’honneur les armes à la main dans la région de Mekla à Tizi-Ouzou, le 5 janvier 1961. 


Le chahid a été atteint par une roquette tiré depuis un avion bombardier, qui lui a ôté la vie, mais aussi qui l’a privé surtout, à deux mois du cessez-le-feu et de la victoire, de savourer la liberté et la souveraineté recouvrées, lui qui était convaincu, bien des mois auparavant, de l’heureuse issue du conflit. Pressé par les colonels Amirouche et Ouamrane de se marier et de fonder une famille, il a eu cette réponse cinglante, en leur affirmant «que si Dieu lui prêtait vie, il le fera après l’indépendance du pays qui ne saurait tarder. Pour l’instant, je suis marié avec l’Algérie et tous les Algériens sont mes enfants», leur a-t-il rétorqué selon plusieurs moudjahidine, venus assister à l’hommage qui lui est rendu. 

Ces derniers ont tenu à souligner sa bravoure et son engagement sans faille envers la Révolution. Né au village de Taghalat, le 18 septembre 1916, sur les hauteurs de la montagne d’Ath-Mélikèche, à Tazmalt, celle-là même qui a enfanté dans son antre l’autre héros Abderahmane Mira, commandant de la Wilaya III historique, «Da Amrane», comme surnommé affectueusement dans la région, a vite fait de croire à la nécessité de prendre les armes pour bouter hors du pays le colonialisme français. 

Il s’y est engagé militairement mais aussi politiquement en menant une action de sensibilisation de fond auprès de la populations locale, qu’il a gagnée par l’argument et le bon mot pour la juste cause. Si bien que l’armée coloniale française, qui le qualifia de «grand agitateur», s’est acharnée sur lui et sa famille pour le réduire au silence, allant jusqu’à incendier la modeste demeure qu’il occupait avec ses parents, l’une des toutes premières à en faire les frais dans la région. Malgré les exactions et le harcèlement subis, il redoubla de force et des motifs supplémentaires pour se battre et aller de l’avant. Ainsi, après le Congrès de la Soummam en 1958, auréolé du grade de lieutenant, il a écumé toutes les montagnes de la vallée éponyme avec ses frères moudjahidine, infligeant des pertes considérables à l’ennemi, en prenant part à une foule d’embuscades et d’attaques. 

Les moudjahidine ayant pris la parole à l’occasion ont évoqué notamment parmi ses faits d’armes, «la bataille d’Igil Ouchekrid» au sud d’Akbou (1958), remportée avec brio, l’attaque d’un détachement militaire a Vouyevzaz, d’un convoi militaire à Ighil Amara, toujours dans la région de Beni-Méllikeche et tant d’autres prouesses pour le moins audacieuses, qui ont fait qu’il représentait un danger permanent pour les militaires français, qui avaient décidé alors de le pister à la trace. 

Parmi ses opérations, «Da Amrane» a aussi fait partie, en 1957, des groupes, qui se sont portés volontaires pour acheminer des armes au front depuis la Tunisie. La compagnie qu’il a commandé est non seulement parvenue a rapporté intégralement ce qu’on lui a confié, mais de plus est rentrée intégralement avec ses djounoud. «Ce qui alors avait constitué un véritable exploit», rapporte un moudjahid dans la salle, estimant que «Azouaou a été un vaillant homme», soulignant que c’est cette mission qui lui a valu le grade de lieutenant puis son affectation en haute Kabylie dans la région d’Azazga où il est tombé le 6 janvier 1961, en martyr avec le grade de capitaine. A l’indépendance, en 1963, son corps a été transféré et réinhumé dans le carré des martyrs de la ville de Tazmalt où une stèle a été érigée à son effigie. 

Autant de récits poignants de la vie du héros Da Amrane ont été évoqués lors de cet hommage, organisé sous forme de colloque à la maison de jeunes de Bejaia, soutenu par des conférences de quelques écrivains, notamment Rachid Oulebsir et Brahim Tazaghart, des auteurs natifs de la région de Beni-Mellikeche, des témoignages publics de moudjahidine, des séances de déclamations de poèmes ponctués de chants patriotiques, et ce en présence d’une foule record. 

Des gerbes de fleurs ont été déposées au pied de la stèle du chahid et à l’intérieur du Carré des martyrs, suivies de cérémonies de recueillement à la mémoire de tous les chouhada, sous le sons des trompettes et des tambourins de la fanfare du groupe local des Scouts musulmans algériens qui porte le nom du chahid, initiateur de cet hommage, organisé précocement par rapport à la date d’anniversaire de son sacrifice, le 5 janvier 1961.

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