dimanche 4 décembre 2022

Le Raï, classé au patrimoine culturel immatériel de l’humanité : Du berceau rural à l’universalité

La guerre du raï n'aura finalement pas lieu, et ce n’est guère faute d’adversaires compétents, car rompus aux coups tordus et aux actions de lobbyings agressifs dans les instances internationales.


Dossier “renvoyé” une première fois à l'Algérie, en 2016, par l’Unesco qui a émis des "réserves techniques", relancée en 2021, la demande d'inscription du «raï, chant populaire d’Algérie» au patrimoine immatériel de l'humanité (liste représentative du patrimoine immatériel) a finalement connu, un dénouement heureux. Non sans passes d'armes, et jeux de coulisses au sein de l'agence onusienne dirigée depuis 2017 par la franco-marocaine, Audrey Azoulay, fille André, juif d'Essaouira, conseiller (et éminence grise) du roi Hassen II et de son successeur, Mohammed VI.


Après le rapt de la fantasia, inscrite à son crédit par le royaume chérifien, en 2021, sous l'appellation de Tbourida, la tentative d'abordage du raï par le Maroc a fait florès.


Jeudi, la DG de l'UNESCO était à Rabat, à l'accueil du roi qui est allé inaugurer la nouvelle gare de la ville, classée patrimoine de l'UNESCO. "Lala Audrey Azoulay" se prosterne, baise la main de son roi.
La 17e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel s'était ébranlée la veille, à Rabat (28 novembre au 3 décembre), avec plus de 180 pays participants. 56 candidatures d'Etats-partie à la convention de 2003 devaient être examinées.


Reprise fin mars dernier, la candidature algérienne est couronnée de succès. Le projet de décision portant inscription du raï est adopté. Dans le document rendu public par l’agence onusienne, l’Organe d’évaluation (comité d’experts) des candidatures) considère que la demande algérienne «satisfait aux critères d’inscription. L’UNESCO a félicité l’Algérie pour cette inscription et pour avoir repris son dossier de candidature prévu initialement pour le cycle de 2020. La crise pandémique étant passée par là, l’inscription fut reportée à 2022. Au niveau local, lit-on dans le projet de décision de l'inscription au registre onusien permettra de «promouvoir les pratiques culturelles et sociales des villes et des lieux qui ont contribué à l’émergence du raï, tout en renforçant le sentiment d’appartenance des populations et en mettant en valeur leur mode de vie et leurs coutumes». Au niveau national, l’inscription contribuera à la reconnaissance de la dimension esthétique et artistique du raï et du patrimoine culturel immatériel en général». Au niveau international, le dossier explique que l’inscription «permettra une plus grande sensibilisation à l’élément et qu’elle favorise une meilleure appréciation de l’importance du patrimoine culturel immatériel et de la diversité culturelle mondiale». M. Aziri

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Soraya Mouloudji : «Un acte décisif de reconnaissance par le monde»

La ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji, s'est félicitée, jeudi dernier, de l'inscription par l'Unesco du Raï, "Chant populaire algérien", sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité, considérant cette consécration comme "un acte décisif de reconnaissance par le monde à l'endroit de ce genre culturel, artistique, poétique, musical et chorégraphique". S'exprimant par visio-conférence lors de la 17e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, qui se tient à Rabat jusqu'au 3 décembre, la ministre a présenté "au nom de l'Algérie, du Président de la République, Monsieur Abdelmadjid Tebboune, du gouvernement et du peuple algérien, tous ses remerciements à l'Unesco pour cette inscription du Raï, chant populaire d'Algérie, sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité". Elle a également présenté les vifs remerciements de l'Algérie au "Comité inter-gouvernemental, ainsi qu'à l'Organe d'évaluation pour leur expertise rigoureuse, juste et objective, ayant conduit à cette reconnaissance internationale", exprimant aussi la reconnaissance de l'Algérie aux Etats qui ont soutenu cette candidature, ainsi qu'au Secrétaire à la Convention, pour tous les efforts et le travail accomplis dans l'échange, l'écoute, l'accompagnement et l'inclusionL'inscription du Raï, chant populaire d'Algérie, "constitue pour mon pays un acte décisif de reconnaissance par le monde à l'endroit de ce genre culturel, artistique, poétique, musical et chorégraphique qui se donne à voir, à comprendre et à apprécier comme un message de partage, d'amitié, d'amour, et de paix (...) offert au monde et à l'humanité", poursuit la ministre. La ministre a, par ailleurs, réitéré "l'engagement de l'Algérie en faveur de tout ce que l'Unesco entreprend pour la Culture, le Patrimoine culturel et les Arts", soulignant que "l'Algérie accueille avec fierté et honneur le Centre de catégorie 2, dédié au patrimoine culturel immatériel de tout le continent africain, auquel nous continuerons d'assurer tous les moyens nécessaires à son déploiement".

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Mesures de sauvegarde : L’Algérie s’engage

L’État algérien a présenté les mesures de sauvegarde déployées - ou à déployer - dont la création du festival national du raï à Oran, la protection du raï par des instruments juridiques, le soutien aux efforts de documentation, etc. Les mesures de sauvegarde proposées comprennent l’organisation de festivals avec l’implication des sociétés civiles, l’animation d’ateliers de transmission et de partage des savoir-faire liés au raï, l’organisation d’un colloque scientifique sur le raï, etc. Les groupes de travail sur le raï ont réuni et impliqué les communautés dans diverses réunions afin de planifier les différentes mesures de sauvegarde. Par ailleurs, les communautés ont proposé de se structurer en plusieurs associations afin de participer à la mise en œuvre des mesures de sauvegarde. M. Az.

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L'Algérie étoffe son palmarès : 9 éléments culturels inscrits

L'Algérie compte désormais neuf éléments de son patrimoine inscrits à l'Unesco, l'Ahellil du Gourara, le costume nuptial de Tlemcen ''Chedda", le Rakb de Sidi Abd El Kader Ben Mohamed dit "Sidi cheikh", la cérémonie de la Sebeïba, le Sbuâ, en célébration du Mawlid Ennabaoui à Timmimoun, et les dossiers internationaux que sont l'Imzad, le couscous et la calligraphie arabe. En 2018, l’Unesco avait inscrit les savoir-faire des mesureurs d’eau des foggaras (système d’irrigation), des communautés ksouriennes du Touat et du Tidikelt sur sa liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente. La 15e session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel qui se déroulera en ligne en raison de la pandémie de Covid-19, devra examiner durant six jours "42" candidatures sur la Liste représentative en plus de "quatre" autres relatives au patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.
M. Az.

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CNRPH : Le maître d’œuvre

Le dossier de candidature a été préparé par une équipe de chercheurs du Centre National de Recherches Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques (CNRPH). Les enquêtes de terrain ont été menées avec la participation active des acteurs locaux, des associations culturelles et des directions de la culture des différentes provinces. Plusieurs réunions, événements et entretiens ont été organisés avec les chanteurs de raï au cours du processus de candidature, précise le projet de décision. Le dossier comprend une série de lettres indiquant le «consentement libre, préalable et éclairé de scientifiques, de professeurs d’université, d’écrivains, de musiciens et de musicologues». M. Az.

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